Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Voilà , voilà

Voilà , voilà
Publicité
Albums Photos
Derniers commentaires
1 novembre 2006

Maroc, hiver 2005

Cette année le voyage commence par une grosse colère. Dès notre retour de notre voyage en Bulgarie, en Septembre, nous avons voulu réserver le bateau Sète-Tanger pour notre traditionnel voyage d'hiver au Maroc, mais pour la COMARIT, septembre était trop tôt pour la réservation, "revenez en octobre " donc, nous y retournons début octobre mais là, on ne pouvait pas nous vendre de billet open pour le retour parce que les dates de départ de Tanger n'étaient pas encore connus pour un billet open je vois mal où était le problème mais bon, "revenez en novembre " entêtés, nous y retournons en novembre mais là, ô mystères insondables des réservations chez COMARIT, tout était complet au dates qui étaient les plus pratiques pour nous, il ne restait qu'un départ de Sète le 22 décembre et un retour le 6 janvier obligatoire pour avoir un billet au tarif A/R préférentiel pour les Camping-cars . Nous hésitons, en parlons avec nos enfants, oui, il faudra déplacer la fête en famille de Noël , le dimanche précédant le 22/12 . Les enfants sont un peu déçus mais bon, finalement c'est ce que nous ferons, puisque nous tenons, pour un prix sensiblement égal, à nous épargner la traversée de l'Espagne en Camping -car qui au bout de dix voyages manque vraiment d'intérêt ..... Sauf que, le 21, coup de téléphone de la COMARIT qui nous informe la bouche en coeur qu'il n'y aura pas de bateau en partance de Sète le 22 et qu'il n'y a aucune place disponible sur aucun bateau Sète-Tanger jusqu'à la mi-janvier !!! Mais, qu'à titre de dédommagement en plus du remboursement du billet aller ( déduction faite tout de même d'un billet retour simple ! ) le passage Algésiras-Tanger ( Tanger obligatoire ) sera offert.... Bon excédés, départ de Montpellier le 22 vers 10 h30, le temps d'essayer de récupérer chez COMARIT le billet gratuit pour la traversée à Algésiras , ce qui s'avère impossible aussi ! Nous ferons étape comme d'habitude sur une aire d'autoroute à environ 150 kilomètres de Valence. Le 23 - Arrivée à Algésiras vers 18 heures. Nous faisons quelques courses au Carrefour de la Linéa où je me vois refuser ma carte bleu Visa ! décidément ça commence bien cette année ! On dort sur un des parkings le long de la grande avenue qui mène au port pour être à l'heure le matin pour le premier bateau. Le 24 - on arrive au port un peu avant 9 heures, et le premier bateau est déjà parti. Nous, nous avons des problèmes avec la COMARIT qui ne veut pas entendre, malgré le papier donné par le bureau de la COMARIT de Montpellier que nous avons droit à un passage gratuit en dédommagement . La plaisanterie nous prend pas mal de temps, finalement nous faisons la queue pour l'embarquement à 11 heures, mais le bateau à 13 h 30 n'est toujours pas parti ! Finalement, ça y est, on part . Arrivée à Tanger 2 H 1/2 après . Douane, ect ..... Tanger, impression assez désagréable avec des gamins qui cherchent à s'accrocher à l'échelle arrière du CC et finalement, en route vers Azila où des flics, sous prétexte d'excès de vitesse en profitent pour nous soutirer.... 4 dirhams ! Le Maroc est le seul pays parmi ceux que nous avons visités où les flics raquettent les touristes dans la bonne humeur, les marchandages, et les sourires. Nous voilà bien au Maroc, ouf, enfin ! Comme il est tard, dérogeant à notre règle nous ferons étape sur le parking du port à Azila où le gardien nous trouve un bel emplacement. Repas le soir au restaurant Pépé l'Océan, très, très moyen et cher rapport qualité prix mais le spectacle des clients, espagnols des deux coté de la mer qui se retrouvent à l'occasion de Noël dans ce restaurant assez réputé, est très attrayant . 0 1 Le port d'Azila sous la pluie Le 25 Nous visitons Azila sous la pluie, toujours aussi jolie petite ville pleine de charme. Nous prenons un café en regardant passer les gens à la terrasse abritée d'un bistrot puis, toujours sous la pluie, nous prenons la route vers Meknés, où nous arrivons vers 16 heures 30 au Camping de l'Agdal, bien pratique étant donné sa situation. Nous nous installons, puis comme il s'est arrêté de pleuvoir, nous allons faire un tour bien agréable dans la médina, d'où nous rentrons au galop deux heures après, la pluie s'étant remise de la partie. Le 26, il pleut à verses, nous renonçons donc à visiter Méknès que nous aimons bien et nous prenons la route vers Azrou. Pluie et froid tout le long du chemin. Nous nous arrêtons dans le bois au col au dessus de Azrou après l'embranchement pour Aïn Leu et je prépare un rapide repas sous l'oeil frigorifié et malheureux de deux singes, assis sur leur derrières que notre présence n'a même pas inquiétés tant ils ont froid. Je mets nos restes de soupe et de repas dans deux assiettes en carton pour les leur donner mais l'ouverture de la porte du CC les fait s'éloigner, oh, sûrement pas bien loin. J'espère que l'odeur de ces restes va les faire revenir tant que c'est chaud ! Nous, nous reprenons notre route vers les gorges du Ziz, toujours aussi splendides, vraiment. Les paysages sont grandioses , il n' a pas un chat et nous nous en mettons plein les yeux. Arrivée à Er Rachidia à la nuit tombée, nous nous arrêtons pour faire du "mazout" . En allant payer, nous tombons sur le propriétaire de la station, un charmant monsieur à la retraite depuis quelques années, qui bien sur nous offre le thé, heureux de nous raconter que d'ouvrier émigré à Dijon, il a pu, à l'occasion d'un licenciement s'acheter cette station , il fait travailler deux ou trois gars du pays quant à lui, il passe sa retraite à discuter avec les clients qui lui sont sympathiques et à boire du thé. Heu-reux ! Nous ortons d'Er Rachidia à la nuit en même temps que plein de gamins à vélo qui sortent du collège et les quelque 15 à 16 kilomètres qui nous séparent du camping de la Source Bleu de Meskik nous paraissent interminables tant cette route très féquentée et encombrée de gosse à vélo nous paraît dangereuse. au camping, idéalement installé dans le palmeraie , on se place un peu au hasard, on verra demain à mieux s'installer. En tous cas, il fait beau, c'est le Sud, ou presque, quel bonheur !
Publicité
Publicité
20 octobre 2006

Maroc hiver 2004

Le 2° Départ de Tata vers Foum Zguid. La piste goudronnée longe le djebel Bani . Le paysage de désert est splendide. Arrêt à Tissint ( où a séjourné le père de Foucault ) dans un cadre magnifique. 18 Tissint 20 Tissint 19 Jour de lessive à Tissnit . A midi on s'arrête dans les dune pour manger et marcher un peu. Dans les dunes on relève des traces de lézard, assez gros sans doute, d'oiseaux et de renard. On imagine toute cette vie qui se cache à notre approche. 'après midi de Foum Zguid à Taliounine la piste goudronnée passe à travers des paysages splendides . 21 Sur la piste entre Foum Zguid et taliounine 22 23 Plus loin dans la montagne, nous prenons au milieu de nulle part une femme et sa fille qui nous demandent de les laisser, une bonne dizaine de kilomètres plus loin, au milieu de nulle part aussi :-)), sans doute une visite d'une ferme à une autre, mais nous ne parlons pas Tamezguig et elles ne parlent pas Français alors ne ne saurons rien de plus que leurs sourires. Plus haut on trouve de la neige sur le bord de la route et pourtant, il fait tellement bon que nous sommes en tee-shirts dans le camion. Nous nous arrêtons comme des gosses pour aller nous lancer quelques boules... ouch...il fait tout de même assez froid dehors ! A l'entrée de Taliounine, sur la droite, nous faisons étape dans la cour d'une auberge-hôtel-restaurant qui loue des emplacements pour CC. Pas génial comme endroit, mais il se faisait tard à force de traîner alors, nous nous sommes arrêtés au premier endroit trouvé. Le 3 Départ de Taliounine vers Taroudant. A coté des paysages d'hier, nous trouvons la route lassante. Heureusement au bout, il y a la promesse de Taroudant qui est une ville que nous aimons beaucoup. Nous nous promenons longuement dans la ville et dans le souk où on fait quelques achats cadeaux , on mange sur place puis, en route pour Agadir. Nous nous arrêtons à l'Atlantica Camping...bof, pas vraiment ce que nous recherchons comme camping mais il y a vraiment tout le confort souhaité et c'est peut-être bien pour les gens qui passent trois mois sur place. C'est en tous cas mieux, pour l'environnement et pour le Maroc que l'entassement de Taghazout.... Le 4 Repos à l'Atlantica, ballades sur la plage, achat de poisson, courses d'épicerie. Bref pas Grand chose. Le 5 Départ tardif vers Rabat, les vacances touchent à leur fin. On fait étape dans un village dont je ne me souviens plus du nom, sur un terre-plein. Le 6, Ce coup ci, on rejoint vraiment Rabat En route, on voit un homme qui laboure avec son dromadaire. On s'arrête pour le photographier et, à notre grande stupéfaction, il nous réclame 10€ pour la photo ! C'est la première fois qu'on nous demande des sous pour une photo et ce prix là ? On n'en croit pas nos oreilles. Bon, je lui donne un paquet de cigarettes ( c'est pas mieux ) mais on ne voulait pas partir fâchés, ni marchander, pour une photo c'est minable, ni donner cette somme... et on fait la photo, de mauvaise grâce et le gars aussi ! La voilà 24 Arrivée tardive au camping de Salé. On se change vite pour prendre la dernière barque pour traverser le Bouregreg, parce qu'on à dans nos petits papiers d'aller se régaler d'un merveilleux couscous en musique au "Petit Beur " un super restaurant à coté de "La Mama " où nous aimons bien aller aussi , mais pas cette fois ci :-)) Retour au camping en taxi, pris à coté de la gare des cars. Le 7 Courses au marché de Salé toujours bien achalandé, puis un tour au souk des potiers où j'avais vu l'an passé des tables basses pas mal. Hélas, il n'y en avait plus :-)) et puis c'est la route vers Ceuta. Nous faisons étape au camping du Cabo Negro, à Martill exactement. Assez difficile à trouver, surtout de nuit, mais pas mal du tout . Le 8 Embarquement et route en Espagne, étape une fois de plus entre des camions sur une aire de station essence, en évitant consciencieusement la proximité des camions frigo qui font un bruit d'enfer toute la nuit avec leurs circuits de refroidissement. Arrivée à Montpellier le 9 vers 20 heures.
19 octobre 2006

Maroc hiver 2004

1° Janvier 2005 Départ de Sidi Ifni après avoir fait un tour dans le village et quelques courses. Nous n'irons pas ) Smara comme prévu trop de monde attendu pour le Paris/Dakar ! En plus nous avons appris avec stupeur que la caravane du tour distribue des rôtis....de porc !!! Franchement !!! Bon bref....Nous, prenons donc la route vers Guelmin au milieu de collines Plantées de champs de figuiers de barbarie . Plus loin à l'entrée d'un bourg, on a vu une "coopérative des cactus" et on se demandait, mis à part la récolte des figues de barbarie si on faisait autre chose de ces cactus . Si quelqu'un passe par ce récit et a une indication à ce propos ça me ferait bien plaisir de savoir. On se ballade dans Guelmin puis on sort de la ville pour manger, quelque part, au milieu de .... nulle part avec montagnes en fond, c'est superbe comme paysage. On marche un peu après le repas puis on reprend la route vers Sidi Aïssa où on arriva de bonne heure. L'hôtel qui à un très grand parking nous autorise à nous garer là, juste sous le gros agadir. L'endroit est très chouette. Avant d'aller faire un tour dans la palmeraie, on prévient le patron que nous mangerons chez lui le soir, c'est la moindre des choses en échange de l'emplacement 7 Le gros agadir à l'entrée de Sidi Aïssa 11 Le même Agadir au coucher du soleil. 5 La falaise au bord de l'Oued de Sidi Aïssa en allant vers la palmeraie. 14 Le second agadir de Sidi Aïssa que l'on voit au moment de traverser le lit de l'Oued en face de l'hôtel-restaurant "On dirait le sud" qui est dans un cadre magnifique mais que nous n'avons pas pu tester puisqu'il était fermé ce jour là. 15 Toujours le second agadir, vu de juste en dessous. Le 2° D'abord, nous faisons une promenade à travers la palmeraie, environ 2 heures de marche très facile jusqu'à la cascade qui ne coule presque pas ce jour là mais le site est vraiment joli. En moins immense, ça ressemble aux gorges du Todra. Nous sommes accompagnés par trois gamins très sympa qui nous indiquent le chemin. En route nous croisons une jeune femme qui s'est bien entaillé la main avec une serpette. Heureusement dans mon petit sac à dos j'ai une trousse de premiers secours, ce qui me permet de lui faire un pansement, je lui laisse de quoi le renouveler, antiseptique, gaze bande etc... mais en France elle serait allée à l'hôpital, ne serait ce que pour faire une piqûre anti tétanique . Nous achetons quelques légumes magnifiques à l'épicerie du coin et nous reprenons la route +/- piste d'ailleurs mais praticable en CC qui traverse une zone plus ou moins désertique avec de temps en temps des oasis autour de palmeraies en bien mauvais état à coté de celle de Sidi Aïssa. C'est dommage. On arrive à Tata vers 16 heures et on s'installe au camping municipal qui est un de nos coup de coeur de ce voyage. et on profite de ce qu'on est là de bonne heure pour se balader dans le souk où les femmes Berbères ou Sahraoui, je ne sais pas portent de magnifiques jupes très larges de toutes les couleurs avec par dessus un haïk soit noir soit de couleurs chatoyantes. Je ne résiste pas et je m'en achète une. Je mets bien mon chavar camish Pakistanais à Montpellier, alors pourquoi pas ma jupe Berbère ? :-)) 16 Légumes secs dans le souk de Tata 17 Et épices.... nous avons vu et fait nous mêmes ce genre de photos de Tata à Samarcande en passant par Lahore, Tozeur , et Istanbul mais bon, on n'y résiste jamais ! :-))
17 octobre 2006

Maroc hiver 2004

°- Le 26 décembre, nous quittons la région Toulousaine sous la pluie et le froid. Notre première étape sera un arrêt de 1h à hauteur de Barcelone pour le repas de midi . Il fait beau ici, tellement beau que nous nous installons en terrasse. Le soir, nous nous arrêtons vers 20h30 sur une aire d'autoroute à 40 Km au sud de Valence . Oui, ce n'est pas prudent en Espagne semble-t-il, mais bon, c'est ce que nous avons l'habitude de faire. °- Le 27 Départ de bonne heure sous la pluie qui se transforme très vite en neige aussi, nous décidons de piquer au plus vite vers la côte au lieu de passer par Grenade comme prévu. Sur la côte il fait très beau et froid et les montagnes d'Andalousie, au loin couvertes de neige sont magnifiques. Arrivée à Algésiras à 20h30. Nous n'essayons pas de prendre un bateau ce soir et nous nous garons pour la nuit sur un des parkings de la grande avenue qui mène au port. °- Le 28 Embarquement à 9 heures précises. Arrivés au Maroc, le passage de la douane se fait dans un délais raisonnable. En fait en tous cas pour nous ça se passe toujours plus rapidement par Ceuta que par Tanger . Nous faisons quelques courses d'épicerie à Ceuta et un plein d'essence et, en route pour Rabat. Il fait beau et assez froid, mais bon nous sommes au Maroc, donc heureux. Vers 13h heure marocaine nous nous arrêtons en bord de route pour manger nos premières keftas . Le soir, nous faisons étape au Camping de la Plage à Salé. Certes, il est un peu vieillot mais il a l'énorme avantage de se trouver en face des escaliers qui conduisent à la rue des Consuls ( l'artère principale du souk ) . Nous prenons donc la barque pour traverser le Bouregreg, pour aller boire un pot au Balima sous les ficus. Ca fait partie de notre rituel lorsqu'on arrive à Rabat, avec toujours le même garçon , qui fait semblant de nous reconnaître et toujours le même marchand de cacahuètes qui raconte toujours les mêmes blagues en Espagnol. Simplement, ils sont plus vieux chaque années, comme nous. °- 29 Départ sous un ciel gris et couvert pour Essaouira . Nous avons décidé de longer la côte tout le long parce que nous aimons beaucoup cette route surtout après El Jadida, malgré les usines de phosphate au départ . Chaque années nous sommes surpris par les immeubles neufs qui poussent comme des champignons aussi bien à la sortie de Rabat que de El Jadida ou Safi. Et que dire du bétonnage à l'entrée d'Essaouira . Mais bon, cela apporte de la richesse au pays et c'est bien ainsi, même si Essaouira fait maintenant un peu "Cordes sur Ciel " . On se gare pour la nuit sur le parking du port ce qui n'était pas une bonne idée à cause du bruit incessant toute la nuit. Mais on avait un peu la flemme de venir de l'entrée d'Essaouira jusqu'à la vieille ville à pieds. Alors... tant pis pour nous. °- Le 30, journée farniente à Essaouira qui se prête particulièrement à cette activité. Nous passons la matinée sur le port 0 Filets de pêche stockés sur le quai 1 Le port d'Essaouira 3 Retour de pêche L'après-midi nous nous baladons dans la ville, sans oublier d'aller déguster des pâtisserie avec un thé dans la minuscule cour de la pâtisserie? Faire un tour sur les remparts , entrer dans toutes les boutiques... Quels changement en dix ans ! Le soir nous partons vers 18 h essayer de trouver un endroit le long de la plage de Sidi Kaouki. Finalement nous ferons halte dans une "base de loisir" en bordure de la plage qui est tenue par des Français bien sympathiques. Lorsqu'ils auront fini leurs travaux, cet endroit sera sûrement superbe. Pour l'heure, nous ne sommes que trois CC la nuit est magnifique et le grondement de l'Océan magique. Nous finissons la soirée autour d'un café dans la salle du restaurant en écoutant les propriétaires nous raconter leurs projets. C'est bien. °- Le 31 réveil vers 8 heures et départ vers Agadir. Il fait un temps magnifique, le vent est tombé et il ferait presque trop chaud, chouette, nous sommes là pour ça ! La petite route entre collines et arganiers avec l'Océan en fond est bien jolie. A Agadir, nous faisons des courses à " Marjane" où je trouve LA petite cocotte minute que je cherchais pour le camion. Visite de la jolie petite bourgade de Tiznit avec son méchouard entouré de remparts roses. Vu des vols de crickets dans les champs et les hordes de CC venus de toute l'Europe s'agglutiner sur la plage de Taghazout n'importe comment... Ce n'est pas pour rien que je fais le rapprochement avec les sauterelles.... Le soir, arrivée au camping de Sidi Ifni, presque plein. La fête du réveillon se prépare entre les gens qui sont là depuis quelque temps. Moi, j'étrenne ma cocotte neuve en préparant un tajine que nous mangerons avec un cabernet Président au goût de jasmin très exotique. 4 Un oiseau qui niche dans la falaise au dessus du camping de Sidi Ifni.
8 octobre 2006

Chapitre 2 ( 2 )

En même temps que ses cigarettes, Anselme sortit de son sac une boîte de crayons pastel. - Tu as du papier blanc Nahida ? - Oui, dans la bibliothèque. Il y a un abattant qui me sert de bureau. A droite tu trouveras du papier pour imprimante et du papier à lettre. Prends ce que tu veux. Lorsqu'elle revint de la cuisine avec un plateau sur lequel elle avait posé la théière, quatre verres à thé et les gâteaux, elle trouva Fati, rêveuse assise en tailleur sur tapis et Anselme, toujours à table qui dessinait. Elle posa le plateau devant Fati et s'assit dans son coin, appuyée au mur. Du tas de coussins, elle tira le gros noir qu'elle préférait et le glissa derrière son dos en soupirant d'aise. - Alors, ma Fati, on y va comment au Maroc ? En voiture ? - Je ne sais pas. Même en conduisant toutes les deux, il nous faudra bien un jour et demi pour traverser l'Espagne plus une demi journée à Algésiras, entre l'attente pour embarquer, le traversée et la douane Marocaine. Encore une demi journée pour aller à Rabat Et pareil pour le retour. Rien que pour le voyage aller retour, en gros il faut compter cinq jours. Je ne sais pas combien de temps il faut pour aller de Rabat à Essaouira mais ce que je sais, c'est que je ne peux pas aller au Maroc sans passer voir ma famille. Tu vos un peu, à ce train, ce n'est pas une semaine qu'il nous faudrait mais un mois. - Et si on prend l'avion ? Où on atterrit ? - A Casa ou à Marrakech, le mieux serait d'arriver à Casa. On louerait une voiture, Casa Rabat c'est à trois quart d'heure une heure de route. Si on arrive de bonne heure le matin à Casa, on va chez ma grand-mère à Rabat, on y passe la journée et la nuit et le lendemain, en route pour Essaouira. Anselme arriva avec son dessin à la main et s'assit à coté de Nahida en tirant un coussin à lui. - Rabat- Essaouira, ça dépend par où vous passerez mais il faut compter la journée? Je vous conseille de prendre la route côtière. Elle est un peu étroite et dangereuse à cause des camions, mais elle est magnifique. Et puis, vous me ferez le plaisir de vous arrêter à El Jadida . Les remparts et la citerne valent le détour . Je compte sur vous pour faire des photos. On exposera les meilleures. Je suis tellement contente, vous vous rendez compte, on parle tranquillement de mon rêve le plus cher dit Nahida en prenant le dessin d'Anselme. Le Maroc, c'est pas l'Algérie mais c'est le Maghreb. Quelle joie ! - Tu auras peut-être l'occasion d'aller en Algérie ? - Pour le moment, je n'y compte pas trop. Je ne veux pas y aller sans mes parents et mon père ne veut pas y retourner. Elle regardait le dessin d'Anselme qui ne ressemblait pas du tout à sa peinture habituelle, beaucoup plus figuratif que ce qu'elle connaissait. C'était une multitude de visages imbriqués les uns dans les autres, surtout des regards et on reconnaissait nettement dans le visage du fond, celui qui semblait émaner ou recevoir tous les autres, la forme de l'Afrique. L'ensemble était dessiné à grands traits noirs avec des ombres rouge sombre. Elle trouvait ça très beau. Le rouge et le noir, les couleurs d'Anselme, pour une fois ne lui paraissaient pas du tout inquiétantes. Il lui prit le dessin des mains et dit en souriant. - Il y avait une telle densité tout à l'heure dans cette pièce, qu'il a fallu que je l'absorbe dans mon dessin. Comme je sais que tu n'aimes pas ce que je fais d'habitude, j'ai changé un peu le style. S'il te plaît, je te le donne. Tu as de la chance, tu as un très beau papier à lettre entoilé qui fait bien ressortir le pastel. Nahida rougit en regardant Fati. C'est-elle qui a du lui dire que je n'aime pas sa peinture, elle exagère . - Ce n'est pas ça, d'ailleurs, je ne connais rien à la peinture, mais ce dessin me plaît énormément, je trouve qu'il résume bien à sa façon notre conversation de tout à l'heure. Mais ta peinture, elle est si tendue, elle me fait penser à un cri dans la nuit. - Et bien, tu n'aimes pas ma peinture mais tu la comprends bien ! C'est exactement ça, un cri dans la nuit, plus deux ou trois autres petites choses tout de même. Dans la lumière tamisée de la pièce, elle vit son regard se troubler et ses yeux d'habitude si bleues, virer au noir. Cet accès de violence à peine perceptible la troubla. Elle ajouta presque malgré elle - C'est ça, c'est ce qu'exprime ta peinture qui me fait peur, mais toi, je t'aime bien, ça n'a rien à voir. - C'est parce que tu t'arrête à la surface des choses dit Fati. Ce qui fait la différence, ce n'est pas le prétexte, c'est la technique. Parmi les jeunes qu'on expose, les uns ont quelque chose à dire, on voit bien qu'ils cherchent comment le dire, il reproduisent dix fois, vingt fois le même thème, un peu comme quant on a un mot sur le bout de la langue puis tout à coup, c'est le déclic, l'explosion, ça y est c'est mûr et ce n'est pas ce qui est exprimé qui est important mais la façon de l'exprimer qui fait la différence entre une croûte et une oeuvre. D'autres, qui ont peut-être autant de choses à dire ne seront jamais de bons peintres, parce qu'ils se contentent de reproduire une technique apprise sans jamais se l'approprier. A partir de là, figuratif, non figuratif, abstrait, ce ne sont que des mots, voire des modes. En poésie par exemple, c'est pareil, tout le monde peut s'émouvoir d'un clair de lune, de l'automne, ou d'un sourire d'enfant, mais c'est la technique, la façon de dire son émotion qui en font soit un poème soit quelque chose de plat, limite vulgaire. - Voilà pourquoi, j'aime travailler avec Fati dit Anselme en souriant. En trois phrases, elle remet toutes les pendules à l'heure. - Bien sur, c'est son métier et il la passionne, mais le public est bien obligé de rester à la surface, comme moi. - Non, non, ne crois pas ça, un bon peintre, comme un bon poète ou chanteur, ou compositeur, c'est celui qui est capable, par son langage de se faire comprendre d'un maximum de gens. Ce qu'il dit, finalement est secondaire, question d'appréciation personnelle. Je trouve Dali glauque mais il ne m'est pas possible de dire que ce n'est pas un grand peintre . Tu vois ? - Oui, Fati a raison, il y a peu de chances pour qu'un peintre ringard fasse carrière longtemps, mais tout n'est pas si simple, il y a des modes, le talent des galeristes à placer leurs poulains, le snobisme d'un certain public, sans compter ceux qui espèrent faire un placement financier. Mais dites, il s fait tard, là, tout le monde travaille demain, il faudrait peut-être y aller. Tu viens Fati, je te pose chez toi en passant. - Non, non, vas-y, je donne un coup de main à Nahida pour tout ranger et je rentre. - Alors rangeons et je te ramène. - Voyons Anselme, chaque fois qu'on sort ensemble c'est la même chose. J'habite à deux pas d'ici et jusqu'à nouvel ordre, on ne risque rien dans les rues de Montpellier. - Je préfère te ramener chez toi. A nouveau, Nahida capta le nuage sombre dans les yeux d'Anselme. - Allez y, je n'ai pas grand chose à ranger. De toutes façons, je ne vais pas pouvoir dormir tout de suite, je suis trop excitée. - Il est pire que mon père , s'insurgea Fati. Lui au moins a fini par admettre que je pouvais sortir seule le soir.
Publicité
Publicité
6 octobre 2006

Chapitre 2 ( 1 )

- Pourtant, la musique Gnawha est une musique Marocaine qui se joue surtout d'Essaouira à Agadir. Elle est belle, très colorée avec de longs développements sur des thèmes classiques, plus Africaine sub-saharienne finalement qu'Arabe. Ca me donne une idée Fati ajouta Anselme. On devrait faire une exposition avec pour thème la peinture, la littérature et la musique Marocaine. Le Maroc est à la mode, beaucoup de gens y vont en vacances, ça devrait marcher. Nahida se leva. - Pensant que je vais finir de m'occuper du repas, tu sers l'apéritif Fati ? - Coca -gin pour toi Nahida, comme d'habitude, beaucoup de coca, une pointe de Gin ? - Oui, s'il te plaît. Pendant qu'elle était à la cuisine, elle les entendaient qui parlaient de cette soirée Maroc. Elle revint dans le séjour avec les feuilletés et les olives d'apéritif et changea le CD qui tournait en boucle depuis l'arrivée de ses hôtes. - Vous voulez toujours du Rai ? A non tiens j'ai là un CD, je ne sais pas exactement ce que c'est, c'est une copine Tunisienne de ma mère qui lui en a fait une copie. Vous allez entendre, cette voix de basse, elle me donne le frisson. - Donc, vous ne connaissez la musique Gnawha ni l'une ni l'autre ? - Et non, même pas Essaouira ajouta Fati. - C'est pas croyable, tu es marocaine et tu ne connais pas cette ville superbe ? - Que veux-tu Anselme, quand j'allais au Maroc, je voyais la maison de ma grand-mère y c'est tô dit-elle en exagérant un accent qu'elle n'avait pas. - Moi, dit Anselme, je connais bien Essaouira. J'y ai même habité durant plusieurs mois dans les années 66 ou 67 je ne me souviens plus exactement - A Essaouira ? Reprit nahida Anselme parut surpris de ce soudain intérêt. - Oui, à Essaouira. J'étais parti là bas avec une fille, une cousine pour être plus précis, qui y a une maison. Elle y habite encore de temps en temps d'ailleurs. Moi, je suis reparti avec un américain plein aux as, à l'époque Essaouira était très connue des Américains à cause de Orson Wels et Jimi Hendrix, qui voulait faire le tour du monde et qui m'a engagé pour l'accompagner . Pourquoi me demandes-tu ça ? - Rien de bien précis. Hier encore je ne savais pas qu' Essaouira existait et aujourd'hui, ça fait la troisième fois que j'en entends parler. - Ah oui ? Et par qui ? - Au boulot. - Ce n'est pas la peine que tu l'interroges davantage, lorsqu'il s'agit du boulot, elle est muette comme une carpe dit Fati. - Ce n'était pas mon intention, sans compte que c'est la moindre des choses. Et tu n'avais jamais entendu parler d'Essaouira jusqu'à aujourd'hui ? - Non, je ne suis pas une grande voyageuse. Je n'ai jamais mis les pieds en Afrique. L'essentiel de mes voyages se limitent aux colos à l'Océan lorsque j'étais petite et une fois, je suis allée en classe de neige à Chamrousse avec l'école. Tu te souviens Fati ? - L'horreur oui, on s'est gelées. Tu parles, les tennis dans la neige ! - Ton enquête te mènera peut-être jusque là bas ? - Non, je ne crois pas que ça soit justifié pour l'instant mais, passons à table, c'est prêt. Elle alla à la cuisine, ôta le papier d'alu et posa le couvercle point sur le plat qu'elle porta à table puis retourna à la cuisine chercher les salades. - Anselme à apporté du vin, je l'ai posé sur la table à le cuisine tu le vois ? - Oui, le problème c'est que je n'ai pas de tire-bouchons je crois. Elle fouilla dans son tiroir sans rien trouver. - Ca ne fait rien, apportes la bouteille, j'ai mon couteau. - Quel homme de ressources, tiens alors , débouches la. Il se leva pour retirer le bouchon, le renifla avec satisfaction puis se rassit. Nahida sourit, elle trouvait ce geste de renifler très sensuel à la fois intime et presque osé. Anselme reprit. - Qu'est ce que tu en penses Fati de ce thème Arts Marocains, on pourrait faire une semaine spécial Maroc, avec une soirée littérature, une soirée musique, une soirée "mode" et on exposerait toute la semaine des peintures de l'école d'Essaouira. Comme c'est une peinture de femmes, ce serait bien que tu y ailles toi, Fati et tiens, c'est mon jour de générosité, Nahida t'accompagne et c'est la galerie qui paye le voyage et une semaine là bas à toutes les deux pour organiser tout ça. Fati poussa des cris de joie. - Super ton idée. Qu'est-ce que tu en penses Nahida ? Elle était vraiment émue, c'était la première fois qu'il était question pour elle d'aller enfin à la rencontre du Maghreb. - C'est vraiment gentil Anselme. ça me ferait tellement plaisir, mais j'ai une enquête sur le feu et je dois travailler et je dois travailler si je veux pouvoir payer mon loyer et faire vivre mon agence. Je ne peux pas me libérer comme ça. - Mais qui te dis de partir demain ? Organises-toi et prévois que tu as une semaine de congés à prendre. - Fati a raison, il ne s'agit pas de partir tout de suite, rien ne presse. Tu finis le travail que tu as en cours et tu ralentis après. Tu as bien quelqu'un qui travaille avec toi ? - Oui, Gabriel. Il est vraiment de toute confiance. Je dois pouvoir lui demander de tenir une permanence pour la semaine. - Alors tu vois bien ! S'écria Fati. Tu es toujours tellement raisonnable ma pauvre Nahida. Il faut vibrer dans la vie, on dirait que tu as cinquante ans ! Oh, pardon Anselme, je ne pense jamais à ton âge. - C'est bon signe dit-il, l'air un peu vexé. Ton tajine est excellent Nahida. - C'est sa mère qui lui a appris à cuisiner. C'est un vrai cordon bleu sa mère. La mienne n'a jamais été fichue de m'apprendre la couture. Dés que je prends un aiguille, elle commence par me dire, mais non, c'est pas comme ça qu'il faut faire et elle m'enlève l'ouvrage des mains. - Pour être juste, il faut dire que tu ne vibrais justement pas beaucoup pour la couture lorsque nous étions gamines. Tu râlais assez lorsque ta mère te retenait à la maison pour coudre. - C'est vrai, tu as raison, elle coud tellement bien que j'étais persuadée que je ne ferais jamais aussi bien qu'elle. - Bon, et pour revenir sur ce voyage au Maroc ? Vous partirez comment Avion ou bateau voiture . Et bateau de Sète ou bateau d'Algésiras ? - Le bateau en traversant l'Espagne, ça serait génial. Ca me rappellerait ces voyages quand j'étais petite. On partait chargés comme des mules avec des cadeaux pour toute la famille sans compter la gazinière, le frigo ou la télé d'occasion pour les voisins. Et pour toi Nahida, ça serait merveilleux de découvrir pour la première fois l'Afrique depuis le bateau. C'est magnifique par n'importe quel temps avec Gibraltar sur la droite, le Rift en face et l'extrême bout de l'Europe derrière. Et e arrivant sur Algésiras, toutes ces éoliennes. A cet endroit là, il fait souvent gris avec un vent pas possible, mais on distingue nettement la coupure entre la Méditerranée, bleu foncé et l'Océan gris vert et au loin l'Afrique, noble, immense, mystérieuse. Et puis, quant on débarque, on est un peu abrutis, tellement heureux de rentrer à la maison ! Je me souviens, on s'arrêtait toujours dans la cote à la sortie de Ceuta pour manger nos premières keftas. Mon père, toujours si timide en France retrouvait toute sa verve pour obtenir du boucher qu'il lui hache son meilleur morceau et vide bien sa machine avant. Quant à moi, je mettais tellement de cumin que ça me faisait tousser. Les odeurs du Maroc, les couleurs du Maroc, j'avais l'impression qu'il fallait que je m'en remplisse les yeux le nez la bouche, pour enjoliver ma vie en France à mon retour. Anselme avait posé sa main sur celle de Fati avec une tendresse extrême. - Ca fait combien de temps que tu n'es pas retournée à la maison Maroc . - Six, sept ans. Tu comprends, j'ai peur que dans un excès d'euphorisme, la-bas, au milieu de la famille, mes parents ne décident de me marier Et je ne veux pas faire un scandale. Pour eux, la vie normale d'une femme, c'est le mariage et les enfants et je sais bien que pour mon père, c'est une véritable calamité que sa seule fille habite dans un appartement où ils pourraient habiter à cinq ou six. Il ne sait trop qu'en penser, il me fait confiance parce qu'il m'aime , mais il pense aussi que ce n'est pas honorable. Or, ma vie, telle qu'elle est actuellement me plaît et je ne veux pas prendre le risque de tout gâcher. - Mais Fati, je n'aurai jamais cru que tu avais ce genre de problème. - Ce n'est pas un problème, à peine une lutte, de la résistance plutôt. - Et pour toi, Nahida, c'est pareil ? - Non, pas tout à fait, mes parents sont musulmans, Français Musulmans. Le maître mot chez nous était "intégration" alors, dans leur coeur ils pensent probablement comme les parents de Fati, mais d'un autre coté, ils sont fiers que je vive "comme une Française" ce qui fait que je supporte moins de pression qu'elle. Pourtant, elle a raison, il faut résister. Résister à l'intégration comme à l'intégrisme pour garder notre intégrité .Tu vois, on peut jouer avec ces mots typiquement politiques qui ne veulent pas dire grand chose mais qui chuchotent en permanence à nos oreilles "elle est bien intégrée "- " suis-je bien intégrée " - "elle est musulmane, est-elle intégriste" - Et nous ce que nous voudrions c'est que notre double culture, notre intégrité, ne se désintégre pas. Anselme avait posé son autre main sur celle de Nahida. - Et bien, je pensais que ma proposition vous ferait plaisir, mais je n'aurai jamais cru qu'elle occasionnerait autant d'émotion. Je suis fier que vous m'ayez parlé aussi librement? Fier de votre confiance. Moi qui vous prenais pour deux jeunes femmes très à l'aise, très modernes si ce mot veut encore dire quelque chose, avec juste cette touche d'exotisme si plaisante. Fati regarda Nahida, un éclat de rire dans les yeux. Le mot exotique lui refaisait penser à l'image de Gabriel qui les avait tellement amusées dans l'après midi et Nahida éclata de rire. - Allons bon et qu'est-ce qui vous fait rire maintenant ? - Ce n'est rien, c'est le mot exotique! Et elle repartirent à rire de plus belle. - Bon dit Anselme un peu vexé, je vais chercher les gâteaux. - Non, non, ne te lèves pas Anselme, je vais les mettre sur une assiette. Vous voulez un thé, ma mère m'a donné un joli bouquet de menthe comme elle savait que vous veniez, ou vous préférez un café. Tous les deux préféraient un thé et pendant que nahida s'affairait à la cuisine, Anselme se leva à la recherche de son sac.
6 octobre 2006

Chapitre 2 ( 1 )

L'appartement de Nahida était un petit deux pièce mais en centre ville, il offrait le luxe inouï d'avoir une petite cour où elle pouvait garer sa voiture. Lorsqu'elle arriva, elle posa ses courses à la cuisine, envoya ses chaussures balader puis, du milieu des ses cassettes de Rai achetées sur le marché, elle extirpa un CD de Rachid Taha du temps ou il chantait avec le groupe Carte de séjour qu'elle écouta tout en préparant son tajine. Ensuite, elle passa à la salle de bain et une fois sa douche prise, elle se maquilla soigneusement, enfila un caleçon de velours gris un tee-shirt d'un blanc éclatant et la très belle chemise de soie grise, brodée ton sur ton au manches et au plastron, que lui avait offerte la mère de Fati pour l'Ait El Kébir. La mère de Fati avait véritable don pour la couture. Avant de se marier, elle travaillait dans un atelier de couture à Rabat mais elle avait un goût inné pour le choix des tissus et des couleurs. Elle savait parfaitement accorder les vêtements qu'elle réalisait aux gens pour qui elle les faisait et Nahida estimait que c'était là, une manifestation de sa générosité. Pendant que le tajine mijotait doucement dans le four sous sa feuille d'aluminium, elle mit la table en chantonnant. Elle était bien, elle était chez elle et elle attendait des amis pour dîner, le pied. Pendant qu'elle faisait un choix approximatif des musiques pour la soirée bien que persuadée que Fati allait dés son arrivée, faire des choix différents, l'interphone sonna. Elle ouvrit la lourde porte du rez-de-chaussée et laissa sa porte entrebâillée le temps de se rendre à la cuisine jeter un coup d'oeil à son four. - Je pose le gâteau à la cuisine dit Fati en entrant. Chaque fois que Nahida voyait Anselme, elle était surprise par son aspect juvénile malgré ses cinquante trois ans. Grand, mince, il s'habillait dans le style folk des années soixante dix, mais toujours impeccable. Ce soir, il portait un gilet Indien bleu-vert sur une longue chemise blanche, avec une sorte d'écharpe sur l'épaule, superbe. Quant à Fati, elle portait un saroual noir dans un lourd tissus damassé avec une grande chemise en soie écru, serrée à la taille par une large ceinture de velours noir rebrodé de galons multicolores, chef d'oeuvre probable de sa mère. Ils formaient un couple splendide, l'âge n'ayant que peu d'importance par rapport à la complicité et à l'estime évidente qu'il y avait entre eux. - Ca sent rudement bon dit Fati en entrouvrant le four . " Ne peut être considérée comme bonne que s'il n'y a pas de gros trous " - Hé fait trois fois aujourd'hui que tu essaye de me coller ! - Tu ne dis pas bonjour au gens même si tu les rencontre trois fois dans la même journée ? - Si, tu as raison, je me donnais un peu de temps. " mémoire " . - Mais, où trouves-tu toutes ces définitions de mots croisés Fati demanda Anselme . - La plus part de temps, elles me viennent comme ça sinon, dans Télérama. - Si tu sais d'où elles viennent Nahida, ça n'a plus d'intérêt. - D'abord comme t'a dit Fati, elles ne viennent pas toutes du Télérama, ensuite, comme je n'ai pas la télé, je ne le lis pas régulièrement. Lorsque je vais chez Fati, je le feuillette mais je ne regarde pas les mots croisés, c'est tout. - Ce cher vieux Télérama, je le prends depuis le lycée. Au début, mon père continuait d'acheter le Télépoche. Il disait que Télérama était un journal de Français, puis, il a fini par l'accepter et il estait assez fier de l'exhiber quand ses amis venaient à la maison. Il leur disait, c'est pour fati, elle en a besoin pour ses études. En réalité, il déchiffre à peine le Français et de toutes façons, ils sont en permanence branchés sur la Une . Je t'assure, ils n'usent pas la télécommande et lorsque mes petits frères veulent voir autre chose, mon père se lève et a à la cuisine. Alors, maman arrive et remet la Une. C'est sans commentaires mais très efficace. Fati pendant qu'elle parlait faisait comme prévu un tri dans les CD de nahida, mettant de coté ceux qu'elle voulait écouter. Anselme remarqua - Tu as beaucoup de CD de Rai, vous connaissez la musique Gnawha ? - Non jamais entendu parler. Et toi, Nahida, tu connais ? - Non.
4 octobre 2006

Chapitre 1 ( 2 )

Arrivée à Antigone, Nahida tourna bien dix minutes avant de trouver une place où se garer. Son bureau était situé place du Nombre d'Or et elle aimait bien ce quartier tout neuf. Il était pour elle le symbole d'une certaine réussite sociale et puis, elle trouvait cette que architecture très maniérée faisait décor de bande dessiné, un peu comme elle se fantasmait elle même et son job . Elle allait être en retard, c'est sur. Il ne lui restait plus qu'à espérer que son secrétaire serait en avance pour faire patienter son client. Elle avait tout de suite apprécié ce gendarme à la retraite, calme, réfléchi, solide. Elle était heureuse de l'avoir à ses cotés malgré son ton un peu paternel parfois. Au début, il l'appelait cérémonieusement mademoiselle Nahida et il faisait scrupuleusement le mi-temps qu'ils avaient convenu. Elle sut qu'elle l'avait conquis lorsque, à la fin de sa seconde enquête, i s'était mis à l'appeler Matoub et à la tutoyer comme un collègue. Elle par contre continuait de l'appeler Gabriel et le vouvoyait . Depuis peu, il ne comptai plus ses heures ce qui la gênait car elle n'avait pas les moyens de le rémunérer pour un plein temps mais lorsqu'elle lui en avait parlé, il avait répondu qu'il n'avait pas encore l'âge de passer ses journées devant la télé et que du moment qu'il pouvait prendre un après-midi ou une journée lorsqu'il en avait besoin, tout était parfait. Quant elle arriva, finalement juste à l'heure, elle trouva Gabriel et son client en train de bavarder devant un café, dans la pièce d'accueil qui était aussi le bureau de Gabriel. - Monsieur Escudier nous est envoyé par maître Deltour, annonça Gabriel - Ah, parfait. - Vous le connaissez je crois ? - Oui, c'était mon responsable de stage. - Maître Deltour est depuis toujours l'avocat de mes grands-parents et lorsque je lui ai exposé mon problème, il m'a envoyé vers vous. Il finit son café et Nahida le fit entrer dans son bureau. - Installez vous lui dit-elle en lui indiquant l'un des deux gros fauteuils club confortables, qui faisaient face à la fenêtre derrière elle. Elle avait bien réfléchi à cet aménagement de la pièce, la lumière directe du jour, ou des deux halogènes derrière elle le soir, avait le double avantage d'éclairer ses visiteurs tout en la laissant elle dans l'ombre. Cette disposition était moins intimidante, soulignait que l'important n'était pas elle mais ses clients et lui permettait dans un même temps de bien les observer sans les gêner. Pendant qu'elle cherchait une chemise cartonnée neuve dans l'un des tiroirs de son bureau, elle se demanda qu'est-ce qui pouvait bien amener un homme jeune et aussi détendu chez elle. Il s'était assis tranquille, souriant, les jambes croisées. D'habitude ses clients étaient plus stressés. - Alors, qu'est-ce qui vous amène ? - Et bien, c'est une vieille histoire assez compliquée. Je ne sais par où commencer - Attendez, avant de commencer, je dois vous signaler que je vais enregistrer notre conversation. Si vous décidez de donner suite à votre démarche, nous la verserons à votre dossier, sinon, nous l'effacerons ensembles. D'accord ? - Entendu . Alors voilà, quand j'ai eu deux ans, mes parents ont divorcé. Ma mère est partie, d'abord au Maroc, puis, semble-t-il au Canada avec un ami. Ce sont mes grands-parents qui ont obtenu la garde. A l'époque c'était très rare que la garde des enfants ne soit pas confiée à la mère mais je suppose que l'abandon du domicile conjugal et sa fuite à l'étranger ont pesé très lord dans la balance. Mon père qui était très jeune à peine vint-quatre ans à l'époque est revenu vivre chez ses parents mais, il n'a pas supporté ni cet échec ni la séparation et, un an après que le divorce eût été prononcé, il s'est suicidé. A sa mot, tout naturellement , mes grands-parents ont continué de s'occuper de moi, ce sont eux qui m'ont élevé. malgré ce drame, j'ai eu une enfance très heureuse. Je savais bien qu'un mystère planait autour de mes premières années, mais j'évitais d'en parler. L'amour dont j'étais entouré me suffisait et j'avais peur de tout détruire en posant des questions. Cependant, le jour de mes seize ans, mes parents m'ont raconté toute l'histoire. Ils m'ont dit aussi qu'ils n'avaient plus jamais eu de nouvelles de ma mère, mis à part deux cartes postales , une d'Essaouira au Maroc, l'autre de Vancouver au Canada . Les deux cartes, qu'ils m'ont remises ce jour là m'étaient adressées et datent toutes les deux de 1966, l'année où mon père s'est donné la mort. Ils m'ont dit aussi ce jour là que ma mère était originaire de Nîmes, qu'elle avait été élevée ainsi que sa soeur par une vieille tante, mais qu'ils ne savaient rien de plus. La soeur de ma mère était présente au mariage de mes parents, c'est d'ailleurs la seule fois où ils l'ont vue, quant à la tante, ils ne l'ont jamais rencontrée. Je m'étais contenté de ces explications jusqu'à présent. Je suis heureux et je considère mes grands-parents comme s'ils étaient mon père et ma mère que je n'ai pas connus. Depuis que mes grands-parents m'ont expliqué l'histoire de mes parents réels, je me suis habitué, même si ça peut paraître égoïste, à ne voir en eux que des enfants tourmentés un peu irréels. Seulement voilà, ma femme et moi attendons notre premier enfant et la famille disparue sans laisser la moindre trace du coté de ma mère me pèse de plus en plus . Ce n'est pas l'absence de ma mère qui me chagrine, non, c'est plutôt que j'ai l'impression de m'être mis à boiter de tout un coté. Pendant que son client parlait, Nahida avait ris des notes et gribouillé dans la marge de son bloc des rectangles en forme d'arbre généalogique. Elle comprenait parfaitement ce que son client expliquait. Elle aussi avait l'impression d'être amputée de toute une famille, de tout un pays. - Ce que je voudrais, c'est que vous recherchiez non pas ma mère mais sa famille, ma famille maternelle. - Si je retrouve quelque chose, vous êtes conscient que peut-être ils n'ont pas envie eux, de reprendre contact avec vous ? Car enfin, s'ils ne se sont jamais manifestés, c'est que probablement, ils ont une raison. - C'est possible, ou peut-être ils ne connaissent pas mon existence. De toutes façons, je ne veux pas créer de problème, je ne me ferai sans doute pas connaître. Je veux seulement savoir qui ils sont, qui je suis en définitive et aussi qui sera notre enfant. - Oui, pour un quart seulement, en ce qui concerne l'enfant. - C'est vrai, vous avez raison, mais quand même . C'est bizarre que ce genre de question se pose justement lorsque un nouvel être va venir. - Non, je ne trouve pas, je trouve ça au contraire assez normal. Vous avez parlé de cette démarche avec votre femme ? - Oui, elle ne comprend pas très bien ce qui me tracasse mais elle est d'accord avec moi et pense que je dois faire ces recherches si ça me paraît indispensable. - Bon. Pouvez-vous me dire pour quelles affaires vos grands-parents étaient en relation avec maître Deltour ? - D'après ce que m'a dit ma grand-mère, c'est lui qui s'est occupé d'obtenir qu'ils aient la tutelle après la mort de mon père. Ensuite, ils l'ont revu pour des histoires d'héritage. - Vos grands-parents vivent toujours ? - Ma grand-mère seulement. Mon grand-père est mort il y a cinq ans déjà. - Vous croyez que je peux lui rendre visite ? - Mais oui, bien sur, c'est une dame assez âgée mais pleine d'entrain, vous verrez. - Vous avez des papiers, des documents qui me permettraient d'orienter mes recherches ? - Oui, j'ai là le dossier de tutelle, le livret de famille de mes parents, les cartes postales de ma mère et d'autres papiers. - Vous avez des photos ? - Non, rien, mon père a paraît-il tout déchiré. Nahida sortit un ordre de mission qu'elle lui fit remplir et signer tout en lui expliquant comment allaient se dérouler les choses, puis ils se levèrent pour aller faire une photocopie de sa carte d'identité dans le bureau de Gabriel. - Comme vous avez pu le lire sur l'ordre de mission que vous avez signé, je m'engage à vous faire parvenir toutes les semaines un compte rendu de mon enquête. Vous trouverez aussi dan mon courrier une note d'honoraire ainsi que le détail des frais que je serais amenée à engager. Si de votre coté vos apprenez quelque chose ou si vous avez un doute sur ce que je découvrirai, surtout téléphonez-moi. N'hésitez pas . Et si vous décidez d'arrêter les recherches avant que l'enquête ne soit finie, il vous faudra me prévenir une semaine à l'avance. - D'accord, j'attends avec impatience vos premiers résultats. - A oui, j'oubliais, donnez-moi le numéro de téléphone de votre grand-mère. Je lui passerai un coup de fil avant d'aller la voir. Il lui inscrivit le numéro au dos d'une de ses cartes de visite, leur serra la main et sortit. - Dis donc, tu en prends des précautions avec ce monsieur Escudier ! - C'est mon premier client direct . Jusqu'à présent mes clients étaient des cabinets d'avocats qui savant parfaitement à quoi s'en tenir et puis, vous verrez le dossier. Je troue vraiment drôle que les grand-parents n'aient pas cherché à entrer en contact avec la famille de sa mère. Au moins la tante qui doit être de leur âge . Si ça se trouve, on va tomber sur une sacré histoire. Elle se dirigea vers le frigidaire du bureau - Vous vouez un coca Gabriel ? - Non mais, elle cherche à m'empoisonner ? Non, je ne veux pas de coca, passes moi plutôt une bière. Elle posa une canette de bière et un verre sur le bureau de Gabriel et alla chercher la cassette de l'entretient - Tenez, vous vous ferez une idée. - Je finis de taper ce rapport et je m'y mets. A propos de clients directs. Il faudrait mettre un store ici aussi, d'abord je prends des coups de soleil sur le crâne derrière cette vitre et en plus, ça pourrait être gênant pour nos clients si quelqu'un les reconnaissait depuis la rue. - Vous savez ce qu'on pourrait mettre ? Un énorme bougainvillée. - C'est ça, des fleurs ! Et quand les clients entreront, je n'aurai qu'à faire cui-cui et ils me prendront pour un oiseau exotique ! Nahida éclatât de rire. Avec les écouteurs du Dictaphone passés par dessus son inamovible casquette landaise et son mètre quatre-vingt, elle trouvait effectivement qu'il avait l'ai d'un drôle d'oiseau mais pas exotique du tout. Ils étaient encore en train de rire lorsque le téléphone sonna. Gabriel décrocha, un reste de rire dans la voix. - C'est Fati Je la prends dans mon bureau et quand elle aura raccroché, vous m'appellerez la grand-mère Escudier. Je voudrais prendre rendez-vous avec elle le plus tôt possible. - Allô Fati ? - Oui, c'est moi de nouveau . " c'est la fin quand il est au bout " - " Vie " - Non, en sept lettres et au masculin. On s'amuse bien chez vous ! Je vous entendais rire d'ici . Ca ne fait pas sérieux. - C'est Gabriel qui avait eu de ressembler à un oiseau exotique et je l'ai tout de suite imaginé comme la fille sur un perchoir. Tu te souviens de cette pub ? - Ah oui ! C'était Vanessa Paradis pour un parfum je crois. Elle pouffa. avec la casquette et la moustache, je l'y vois ! - Dis-moi, Fati, tout à l'heure j'étais pressée à cause de mon rendez-vous mais tu comprends bien qu'il ne m'est pas possible de rien rechercher dans la vie d'Anselme comme ça. C'est sa vie privée. Tu n'es pas de sa famille " rouleau" et du moment qu'il ne nuit à personne, il fait ce qu'il veut . - Oui, pour "rouleau" et oui, je comprends, tu as raison mais j'étais tellement bouleversée tout à l'heure. Il me semblait que si j'avais su ce qui le mettait dans cet état, j'aurais pu l'aider. - Bon, je suis contente que tu sois d'accord avec moi. - Dis, je te téléphone, qu'est ce que tu fais ce soir ? - Quelle heure est-il ? Cinq heures et demi. Il faut que je téléphone pour prendre un rendez-vous puis j'ai promis à ma mère de l'amener faire des courses. Je mangerai chez eux ce soir. Ils se sentent un peu seuls depuis que j'ai déménagé. - Ah, parce que j'avais pensé qu'on pourrait faire quelque chose. On fermera la galerie de bonne heure et Anselme est d'accord pour une petite sortie. Ca lui changerait les idées tu ne crois pas ? - C'est une bonne idée, oui, et si vous veniez chez moi ? De toute façon, je dois amener ma mère faire ses courses. Je prendrais de quoi faire un tajine et toi, tu apportes le dessert. Ca sera plus calme qu'au restaurant. Mais pas question de cuisiner Anselme, on est bien d'accord. - D'accord, on fait comme ça et puis, je t'ai dit que tu avais raison pour le reste alors, on n'y revient pas dessus. Mais quand même, c'est vrai qu'il ne parle jamais de sa famille. - Fatima ! - Oui, oui, on sera à neuf heures chez toi, ça va ? - Ca marche à ce soir. Elle repassa dans le bureau de Gabriel. Elle ne fermait pas la porte de séparation lorsqu'elle ne recevait pas de clients mais elle préférait être à son poste de travail. Elle s'y sentait bien et elle adorait se déchausser et caresser la moquette avec ses pieds tout en travaillant. - Alors, qu'est ce que vous en pensez ? - De monsieur Escudier ou de monsieur Anselme ? Pour ce qui est de monsieur Anselme, je ne sais pas ce que Fati a en tête mais tu as raison de la mettre en garde. Pour ce qui est de monsieur Escudier en plus de ce que tu soulignais tout à l'heure, je trouve étrange qu'il dise bien qu'il ne cherche pas à retrouver sa mère. Ou bien quoi qu'il en dise, il lui en veut terriblement, ou bien il sait quelque chose qu'il ne nous a pas dit. Je te passe la grand-mère ? - Oui, tout de suite. - Madame Escudier en ligne. - Oui, allô , madame Escudier ? Je suis Nahida Matoub, enquêtrice professionnelle. J'ai eu la visite de votre petit fils monsieur Joël Escudier cet après-midi et il m'a confié la recherche de sa famille maternelle. Il m'a dit aussi que je pouvais venir vous rendre visite à ce sujet, que vous n'y verriez pas d'inconvénients, alors je vous appelle pour que vous me disiez à quel moment je peux passer vous voir si vous êtes d'accord. -Je suis très contente que vous m'appeliez. Oui, mon petit fils ma parlé de cette recherche qu'il veut faire. Je ne comprends pas très bien pourquoi, après tout ce temps, mais je serai contente de vous expliquer qu'elle a été notre position à mon mari et à moi à l'époque. - Comprenez-moi, madame Escudier, je n'ai aucun jugement à porter. Vous avez fait ce que vous pensiez le mieux pour votre petit fils. De toute façon, cette histoire ne sera sûrement pas très compliquée à régler. Votre belle fille est de Nîmes et votre petit fils à bien spécifié qu'il ne cherchait pas à retrouver sa mère, mais à savoir qui était sa famille de son coté maternel. - Comment de Nîmes ? Mon petit fils ne vous a pas apporté le livret de famille de ses parents ? - Si - Alors, regardez le ! Ma belle fille est née à Essaouira au Maroc et au moment de leur mariage, elle était domiciliée à Montpellier. Non, c'est la tante qui est de Nîmes, à ce que nous avons compris à l'époque. Nahida avait pris le livret de famille sur son bureau - En effet, je ne l'avais pas encore regardé. Est-ce que je peux venir vous voir ? Vous me direz ce que vous savez sur votre belle fille. - Mais oui, venez, je ne peux pas dire que ça me fait plaisir de reparler de tout ça maintenant mais si Joël a décidé de remuer cette histoire, il fera tout pour avoir satisfaction. Alors tant vaut-il vous aider si je le peux . Mais vous savez, nous ne savons rien sur eux. Venez demain vers cinq heures, ça vous va ? - Entendu, demain dix sept heures, rappelez-moi vote adresse. Nahida griffonna l'adresse de la vieille dame sur son bloc - Vous avez entendu Gabriel ? Ca se complique, j'en étais sure ! - La mère n'est pas de Nîmes si je comprends bien. - Non, elle est née à Essaouira au Maroc. - Et c'est d'Essaouira qu'elle a envoyé la première carte à son fils - C'est vrai, j'étais tellement surprise d'apprendre qu'elle n'était pas de Nîmes comme il me l'avait dit, que je n'ai pas fait le rapprochement. Bon on verra bien ce que me dira la Mamie demain. Si vous voulez bien, il est six heures on plie et on s'en va. - Ne t'en fais pas, j'ai compris que tu devais amener ta maman faire des courses. J'ouvre le dossier Escudier et je ferme la boutique. - Merci Gabriel, bonne soirée et à demain.
3 octobre 2006

Chapitre 1 ( 1 )

Le temps s'était remis au beau et il faisait délicieusement bon à la terrasse du snack, sous les platanes de la place Aristide Briand. Les touristes rentrés chez eux, les étudiants pas encore arrivés, il flottait dans l'air une impression d'être entre soi. Nahida fut surprise d'avoir eu cette idée. Pour elle, les mots "ici" et "la bas" étaient lourds d'émotions. " ici" toujours un peu décalé, un peu étranger bien qu'elle soit née à Montpellier. " La bas " plein de souvenirs qui ne lui appartenaient pas, de désirs refoulés, de douleur aussi , d'absence . Elle regarda sa montre . Une heure de retard ! Certes, la ponctualité n'était pas la qualité principale de Fati, mais là, elle battait un record ! Elle décida de lui accorder encore cinq minutes en prenant un autre café, lorsqu'elle la vit déboucher au coin de la poste, élancée, rapide comme toujours mais avec une sorte de lassitude tout à fait inhabituelle. Nahida et Fati étaient amies depuis l'enfance, Même école primaire, même collège, même lycée. Leurs mères aussi étaient devenues amies malgré les réticences du début. Elle s'appréciaient, se retrouvaient sur bien des points et s'entraidaient beaucoup. Nahida était la plus jeune fille d'une famille de Kabyles d'Algérie réfugiés harkis tandis que les parents de Fati, originaires de jacoub El Mansour, un quartier populaire de Rabat, étaient venus en France plus récemment. Fati s'écroula sur le fauteuil en face de Nahida, remonta ses lunettes de soleil sur le front comme pour dévoiler son désarroi en même temps que son regard et souffla sa traditionnelle définition de mots croisés . - Fut une véritable soeur pour son époux Cette habitude de Fati de donner à son amie une définition de mots croisés à deviner à son amie en guise de bonjour, remontait au lycée. " Pour entraîner ton esprit de déduction" affirmait Fati. En fait, elles aimaient beaucoup ce petit jeu entre elles. Fati parce qu'elle appréciait la rapidité d'esprit de Nahida. Nahida parce qu'elle n'avait pas tardé à se rendre compte que ce rituel étaient la plus part du temps en rapport avec l'humeur de Fati ou ses pensées du moment. Bien plus explicite en fin de compte qu'un classique bonjour . - Isis. Répondit Nahida aussitôt . Quelque fois, la bonne définition ne venait pas tout de suite mais lorsqu'elle la trouvait, Nahida la lâchait, totalement incongrue au milieu de la conversation et Fati hochait la tête en souriant. - Alors ? Que se passe-t-il ? Je ne voudrais pas insister mais là, tu as une heure de retard et en plus tu avais l'air passablement énervée ce matin lorsque tu m'as téléphoné pour qu'on se voit à midi. - Pire que ça ! Ce matin, je faisais l'ouverture comme d'habitude lorsque "Anselme" est arrivé. Il était dans un état ! Couvert de peinture maronassse, en plus je suis certaine qu'il avait picolé. A neuf heures du mat' tu vois un peu . Il s'est assis parterre derrière le bar et s'est mis à pleurer comme un gosse. - Il a du avoir un coup de blues , c'est un artiste et ça ne doit pas être facile pour lui tous les jours de gribouiller ses trucs, toujours les mêmes et d'exposer le travail des autres. - Non, écoutes, tu n'as jamais rien compris à sa peinture. Ces "trucs" comme tu dis, c'est sa forme d'expression, son style. Sa technique est très sûre et ce n'est pas d'être en recherche qui peut le mettre dans cet état. Ce n'est pas possible, il y a autre chose de plus profond, de plus grave. Il n'arrêtait pas de marmonner, " je ne peux pas oublier, je n'ai pas le droit d'oublier, il faut que je me souvienne" et puis il se remettait à chialer . Tu te rends compte un mec de cinquante balais qui pleure comme ça ? Je t'assure, ça fait peur. - Tu as dit qu'il avait picolé, ce sont les effets secondaires de l'alcool, la perte de mémoire. - Et en plus, Seb qui devait prendre son service à midi est arrivé tranquille à une heure. Il avait oublié ! - Je vois, c'est grâce à Seb que je poireaute. Il est pas sympa ton collègue. - Non, c'est vrai, mais pour l'instant, ce n'est pas de lui que j'ai envie de parler. Et en plus j'ai faim, avec toutes ces histoires, je n'ai même pas eu le temps d'avaler un pain au chocolat depuis ce matin. Après le bac, fati avait fait une licence d'histoire de l'art sans trop savoir où ça la mènerait, puis elle avait trouvé ce travail " Chez Anselme " une sorte de café-gallerie quartier Sainte Anne. Elle aimait ce travail qui lui convenait parfaitement. Anselme au fil du temps lui donnait de plus en plus de responsabilités, elle l'aidait à choisir les peintres exposés, organisait les soirées de vernissage et récemment, elle s'était mise à organiser des soirées littéraires une fois par mois. Ca marchait bien et elle était contente. Tout aurait été pour le mieux si ses parents, son père surtout, ne lui rabâchait pas à longueur de temps qu'à vingt-six ans, elle devrait être mariée. Cependant, ils étaient très fiers d'elle, de sa réussite professionnelle. Sa mère pensait qu'elle était un peu amoureuse d'Anselme et l'antique solidarité féminine faisait qu'elle évitait le sujet et comme elle aidait sa famille pour l'éducation de ses petits frères, finalement, ils n'insistaient pas trop, trop. Pour clore toute discussion, elle n'était pas revenue au Maroc depuis plusieurs années. Trop de travail disait-elle. Ca évitait à ses parents d'avoir à s'expliquer et si sa grand-mère et ses tantes lui cherchaient un mari sans relâche, ça lui évitait à elle d'avoir à dire non. Nahida, pour sa part, avait décidé depuis longtemps de faire du droit. Elle devait être en quatrième, le jour où son père et ses deux frères s'étaient vs contraints, par ignorance, de liquider la petite entreprise de plomberie qu'ils avaient montée ensemble. Lorsque les différents administrations leur étaient tombées dessus, ils avaient dû tout vendre. Le matériel, la petite 4L le hangar qui leur servait de local. A la peine d'avoir tout perdu une fois de plus, s'ajoutait la honte d'être traités comme de dangereux malfaiteurs . Cet épisode avait été terrible pour toute la famille. C'est à cette époque là qu'elle avait décidé qu'elle ferait du droit pour défendre les pauvres et les ignorants. Cette volonté l'avait soutenue, poussée de l'avant pendant toute sa scolarité. A l'université, les choses avaient été un peu différentes. Lors d'un stage dans un cabinet d'avocats de la ville, son responsable de stage, un vieux briscard du barreau de Montpellier lui avait enseigné ce qu'il appelait la règle du R.R.D. Renseignements, Réflexion, Déduction, en même temps qu'il lui avait confié des recherches à effectuer pour le cabinet. Cette activité la passionnait, beaucoup plus que d'aller faire des effets de manche dans le prétoire, sans compter qu'elle se trouvait bien trop typée physiquement. Elle ne voulait pas avoir à s'imposer comme la jeune Beur, qui monte. Elle se souvenait encore de l'époque du "foulard". Fati s'était jetée à corps perdu dans ce conflit. Non parce que sa famille l'y obligeait, ni par fanatisme religieux, même pas par esprit de provocation, mais pour affirmer sa double appartenance. Elle disait, nos parents sont venus trouver du travail en France, toute notre éducation est Française, d'accord. Mais je me sens métissée et je ne veux rien renier ni du Maghreb, ni de l'Afrique. Ce métissage est un plus dont je suis fière. Nahida, elle n'avait jamais porté ni le foulard, ni les jupes longues. Les barbus qui passaient dans les cités, soit moralisateurs soit menaçants et l'écoute qu'ils rencontraient auprès des garçons les plus faibles, l'inquiétaient. Elle ne voulait en rien être assimilée à cet intégrisme, or quelles que soient les raisons individuelles de porter le foulard, c'est à cet intégrisme qu'il renvoyait. Elle supposait qu'il y avait là dessous quelque chose d'assez pervers qui avait à voir avec le complexe d'infériorité du Maghreb à l'égard des richissimes frères Arabes. Elles en avaient discuté à perte de vue mais chacune restait campée sur ses positions, jusqu'à ce que le bruit fait autour du foulard s'estompe. Fati avait gardé de cette époque là un goût prononcé pour les vêtements Africains qui, en fait, la mettaient en scène ce qui était un plus dans son travail. Nahida, elle avait opté depuis qu'elle était à la fac pour un style classique impeccable qui, avec ses yeux très noirs légèrement en amande et ses cheveux qu'elle tirait en un gros chignon sur la nuque lui donnaient l'air de n'importe quelle méditerranéenne qui exerçait une profession libérale. Un jour, à la fin de son stage, Maître Deltour lui avait déclaré : tu devrais faire une école d'enquêteurs professionnels. Tu es vraiment douée pour ça. Avec ta licence en droit, tu as un avantage certain, et pendant ta formation, tu pourrais continuer de travailler pour nous à mi temps. Ensuite, avec les relations que tu te sera faites dans la profession et avec la recommandation du cabinet, tu pourras t'installer à ton compte. Nahida était ravie, elle n'attendait que cet encouragement et maintenant, depuis un an, elle avait ouvert sa propre agence. Son travail ne ressemblait en rien à ce qu'avait imaginé Fati au départ , qui la voyait en Wonderwoman, confondant sans frémir les escroc de tous poils. Elle avait surtout compulsé des kilos d'archives, effectué quelques filatures, rien de très sportif, cependant, elle avait réussi à démêler deux affaires assez embrouillées et son métier la captivait toujours autant. Ce qu'elle aimait, c'était saisir le fil ténu d'une histoire et tirer délicatement dessus jusqu'à ce que toute la bobine se déroule. - Bon, Fati, dépêches-toi de finir ta salade. J'ai un rendez-vous à eux heures et demi et il est déjà deux heures. - Tu ne peux rien faire pour Anselme ? - Que veux-tu que je fasse pour lui ? Il me semble que sa déprime est plus de ton ressort que du mien non ? - Non, je voudrais que tu cherches ce qui a bien pu déclencher cette crise. Je t'assure, c'est bizarre. - Mais, que veux-tu que je cherche ? Si tu penses qu'il y a quelque chose de mystérieux sous cette crise, c'est à toi de l'interroger, pas à moi. Tiens, par exemple, qu'est-ce que tu sais sur sa famille ? Rien. Est-ce qu'il a des frères, des soeurs, des parents ? Est-ce qu'il a été marié ? Est-ce qu'il a des enfants ? Il n'en parle jamais, et si tu veux mon avis, c'est plutôt ça qui est bizarre. Enfin, il n'est pas tombé d'une autre planète, il doit bien avoir, quelque part, d'autres relations que des relations de travail ou de copinage, tu ne crois pas ? - Je sais qu'il a beaucoup voyagé lorsqu'il était jeune. Je crois même qu'il a fait le tour du monde. En tous cas, il est allé en Inde, en Chine, aux USA, il en parle quelque fois et chez lui, il y a plein de souvenir et de photos qui datent de cette époque là. - Et bien pour commencer, fais le parler de ses voyages, essaye de savoir quand il est parti, s'il est parti pour longtemps, comment il vivait. Même s'il y a longtemps, ça coûte cher de voyager, il a bien fallu qu'il trouve l'argent quelque part. Bon écoutes, il faut vraiment que j'y aille maintenant. Je vais être en retard à mon rendez-vous. Si tu as du nouveau, tu me téléphone. - D'accord, je t'appelle ou bien je passe te voir chez toi ce soir. - D'accord. Nahida se pencha pour lui faire la bise, alla à la rencontre du garçon pour régler son addition et se dirigea vers l'entrée du parking souterrain. Avant de disparaître, elle se retourna pour faire un petit cocou à son amie et fut surprise à nouveau par son air accablé. Ca l'a vraiment secouée pensa-t-elle, je ne l'ai jamais vue aussi déprimée, elle qui est toujours si positive, si agaie, si enthousiaste.
3 octobre 2006

Introduction

Louise Rivas, c'est moi, enfin presque ! Aujourd'hui, j'ai choisi de vous raconter une aventure de Nahida Matoub. Je vais y aller doucement, un chapitre après l'autre.
Publicité
Publicité
Publicité